Édition du mardi 23 mai 2006
Rénovation du réseau ferroviaire: l'Etat compte aussi sur les régions
Le ministre des Transports, Dominique Perben, confronté à un réseau ferré vétuste faute d'investissements suffisants dans la maintenance, veut consentir un effort de rajeunissement accru, mais moindre que recommandé par un audit, selon un plan 2007-2010 présenté lundi.
Les travaux seront financés par des apports de l'Etat, une part des recettes tirées par RFF des péages d'infrastructures, de nouvelles cessions d'actifs immobiliers de RFF mais aussi «des économies d'entretien et d'exploitation», selon le ministère. L'Etat envisage aussi de mettre à contribution les régions. «Il est indispensable que dans le cadre de la négociation des contrats de projet, nous discutions avec les régions des travaux à faire sur un certain nombre de lignes», a dit M. Perben.
Outre des investissements accrus dans la maintenance des voies, le plan de renouvellement du réseau ferroviaire souhaite «des méthodes de maintenance plus modernes» et la préparation d'un contrat Etat-RFF sur la période 2007-2010 pour améliorer la gestion des infrastructures. «Ce contrat sera préparé dès à présent en vue d'une signature en 2007», année de l'élection présidentielle.
Ce plan, qui fait suite à un audit suisse prônant une importante remise à neuf et à des propositions de Réseau ferré de France et de la SNCF, a été exposé par Dominique Perben, en présence des présidents de RFF Michel Boyon et de la SNCF Louis Gallois, sur un chantier de renouvellement de voies situé entre Les Aubrais et Vierzon. «Il y avait urgence à mettre en oeuvre un plan de rénovation, pour assurer la sécurité des utilisateurs du rail et permettre la modernisation des matériels», a déclaré le ministre, tout en précisant qu'«aucune ligne ne sera fermée».
A l'heure actuelle, des trains sont obligés de circuler à vitesse réduite sur plusieurs centaines de kilomètres de lignes secondaires pour éviter des risques d'accidents liés au mauvais état des voies.
Selon l'audit, «les difficultés d'aujourd'hui s'expliquent par deux décennies d'effort insuffisant, qui ont pénalisé d'abord les lignes à faible trafic où le renouvellement a été abandonné. Ce problème touche désormais le coeur du réseau». Si rien n'est fait, 60% du réseau actuel, long de près de 30.000 km, ne sera plus exploité à l'horizon 2025, ne laissant en état de fonctionner que les lignes à grande vitesse et quelques grands axes, selon le scénario le plus noir. Or le trafic ferroviaire ne cesse de croître.
Le plan prévoit une hausse des dépenses de maintenance (entretien et renouvellement) entre 2006 et 2010, en faveur du renouvellement. L'enveloppe globale, d'un montant d'environ 2,7 milliards d'euros en 2005, gonflerait progressivement de 100 à 150 millions d'euros par an pour les dépenses de renouvellement pour avoisiner 3,4 milliards en 2010.
M. Boyon a expliqué que RFF allait affecter cette année 1,8 milliard d'euros à la surveillance et l'entretien courant des voies ferrées et 970 millions au renouvellement du réseau. L'objectif pour 2010 est 1,8 milliard pour l'entretien courant et 1,57 milliard pour le renouvellement.
L'audit de l'Ecole polytechnique fédérale de Genève évaluait le budget nécessaire à un véritable rajeunissement aux alentours de 3,2 milliards d'euros par an entre 2006 et 2025, avec un effort accentué de 350 millions entre 2011 et 2015. Le plan présenté lundi ne concerne que les années 2006-2010, un objectif jugé «plus raisonnable» par M. Perben. L'audit suisse déplore qu'à la différence d'autres pays européens, la France investisse trop peu dans les gros travaux de régénération, donnant la priorité à l'entretien.<s
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